Malo LOUARN – Un précurseur !

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Comme vous avez pu le lire, le Candidat a été publié en premier lieu en couleur dans le journal Spirou, mais ce n’est qu’en 1981 qu’on pourra le lire sous forme d’album, un album tiré à 11 000 exemplaires ! C’était d’ailleurs là un pari courageux, car c’est l’auteur lui-même qui le publia. À cette époque, l’autoédition n’existait pratiquement pas. Mais le candidat ne restera pas tout seul : il générera d’autres ouvrages aux éditions du Dragon Rouge, sa maison d’édition. Malo est comme cela, un personnage haut en couleur, dans tous les sens du terme. Tous ceux qui ont la chance de le connaître vous diront qu’il est un amateur de bon vin et de bonne cuisine, et l’un des plus fervents supporters du Stade Rennais. Il est aussi le créateur de la Vedette, du Canonnier de Vodkagrad ou encore de la célèbre série Rona.

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Malo a commencé sa carrière de dessinateur dans les années 70 au journal de Tintin, puis chez Spirou où il réalisa le Candidat. À la fois érudit et caricaturiste, il fut également dessinateur d’actualités dans les années 80 sur FR3 Bretagne et sur Antenne 2 pour l’émission À nous deux de Patrick Poivre d’Arvor. Mais il reste avant tout le dessinateur de BD hors pair qui a marqué toute une génération. Malo est un dessinateur que l’on peut vraiment qualifier de populaire : à l’instar d’un Franquin, c’est la vie de tous les jours qui transpire dans chacune de ses planches, avec ses petits bistrots, ses moustachus clopant et ses politiciens ternes !

Dans la série Rona par exemple, le Bouclier de Luctérios, qu’il réalisa pour les éditions Ouest-France, la Bourse est omniprésente, et pour cause : l’auteur lui-même s’était laissé embarquer dans cette aventure ! Il m’a confié un jour l’anecdote suivante : « À l’époque, je spéculais sur la SCOA (Société Commerciale de l’Ouest Africain) que j’achetais par centaines, voire par milliers (50 F l’action). Un matin au saut du lit, je passe une commande de 1000 SCOA sur le cours d’ouverture (le minitel était près de mon lit) auprès de la société de Bourse Boscher de Nantes. Curieusement, je sentais une certaine effervescence dans les bureaux – (je passais mes ordres par téléphone) – sans que je m’en explique la raison. Je descends ensuite dans la cuisine en sortie de bain pour prendre mon café et, en allumant la radio, j’apprends qu’il y avait eu un coup d’État en URSS  et que Gorbatchev était destitué par un certain Ianaiev et ses acolytes. Les Bourses mondiales plongeaient (moins 10% au plus fort). Aussitôt, je me précipite au téléphone pour annuler l’ordre d’achat. Trop tard ! L’ordre était passé sur le cours d’ouverture.

Après concertation avec l’agent de change de chez Boscher, je décide de garder les actions et d’attendre. J’en rachète même 500 autres car l’action plongeait de 35% (c’était une spéculation). Trois jours plus tard, le coup d’État de Ianaiev échouait, les comploteurs étaient en fuite, et la Bourse remontait de 6 à 10 % et la SCOA de 35 %. Immédiatement, j’ai tout vendu avec une substantielle plus-value. Comme quoi prendre sa douche et descendre prendre son café, sans écouter d’abord la radio, peut être salutaire. Mais attention, ça joue dans les deux sens ! »

Vous aurez compris que notre ami est un personnage entier dont la vie elle-même est une aventure !

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A suivre…

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